"Ma première mesure si j’étais au pouvoir serait… supprimer les écarts entre les femmes et les hommes sur le marché du travail"
Françoise Tulkens, ancienne juge de la Cour européenne des droits de l’homme et professeure émérite de l'UCLouvain
- Publié le 16-04-2024 à 06h49
- Mis à jour le 30-04-2024 à 13h27
On s’attendait plutôt à une proposition en rapport avec le sens de la peine de prison, la dignité en détention ou la responsabilité des magistrats. Françoise Tulkens, professeure émérite de l’UCL, ancienne juge et vice-Présidente de la Cour européenne des droits de l’homme, choisit, avec les clés du pouvoir, un autre combat : supprimer les écarts entre les femmes et les hommes sur le marché du travail.
Parce que cette magistrate d’envergure, docteure en droit et licenciée en criminologie, qui a enseigné en Belgique comme à Ottawa, Paris1, Genève ou Strasbourg, garde l’âme chevillée aux droits humains. “Il faut agir sur les causes bien connues des inégalités et utiliser les outils qui existent”, souligne-t-elle.
”Depuis des années, explique Françoise Tulkens, “des recherches montrent que le harcèlement et la violence à l’égard des femmes fondées sur le genre reculent lorsque l’écart entre les femmes et les hommes, notamment salarial, diminue sur le marché du travail.” Or, “les violences de genre sont des violations des droits humains des femmes. Prévenir, de manière concrète et effective, les violences de genre doit être une priorité pour nos gouvernements qui doivent appliquer les Conventions qu’ils ont signées et qui les engagent. L’État doit tout simplement, ici comme ailleurs, tenir ses engagements.”
Il y a, d’abord, la Convention d’Istanbul du Conseil de l’Europe du 11 mai 2011 qui rappelle que “les violences de genre s’inscrivent dans le contexte d’une discrimination de fait ou de droit à l’égard des femmes et de la condition d’infériorité réservée à la femme dans la société.” Françoise Tulkens insiste : “C’est tellement évident qu’il faut le rappeler.”
Elle évoque aussi la Convention des Nations Unies pour l’élimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes de 1979, un texte “qu’il est essentiel de mieux connaître et de faire connaître.” Il permet de considérer que l’interdiction des violences à l’égard des femmes fondées sur le genre est devenue un principe de droit international.
En Belgique, les conclusions et recommandations du Comité interministériel (Cim) sur les droits des femmes seront présentées le 23 avril prochain, indique l’infatigable défenseuse des droits. “Elles pourraient être d’une importance cruciale pour mettre en œuvre des politiques intégrées dans ce domaine.”